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Paris Foot Gay. Dix ans – dix questions.

Le Paris Foot Gay fête sa dixième année d’action en 2013. Cet anniversaire est propice aux bilans et perspectives. Nous nous y attacherons tout au long de l’année. Pour commencer, ce questionnaire en dix points. Il répond notamment à des rumeurs qui se sont un peu répandues cet été sur notre association (qui, nous vous rassurons, se porte bien). Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le Paris Foot Gay, sans jamais oser le demander…

1- Que se passe-t-il au PFG ?

Dans le creux de l’été, on a pu lire ici ou là dans la presse des choses fort éloignées de la réalité et sans grand intérêt concernant la rupture survenue en octobre 2012 entre les membres actifs du PFG et son équipe de foot. Voici ce que peut en dire le conseil d’administration de l’association :
Le conflit s’est fait jour entre les membres actifs et militants d’un côté et de l’autre côté l’équipe de football, composée de membres usagers. L’absence d’implication des joueurs dans les actions militantes de l’association d’une part et des reproches sur une gestion jugée trop rigide d’autre part constituant le cœur des divergences.
Un accord fut conclu pour apaiser la situation et terminer la saison. Les joueurs créant une nouvelle association, les Panam Boyz, qui acceptaient de jouer sous les couleurs du PFG et ce dernier leur octroyant jusqu’à la fin de la saison sportive 2013, son terrain, son inscription en championnat et finançant les arbitres des matchs.
Début juin, les Panam Boyz annoncent ne pas vouloir renouveler cet accord, ce dont le conseil d’administration du PFG prend acte. S’en suit une tentative des Panam Boyz d’évincer le PFG de son créneau d’entrainement auprès de la ville de Paris et le déclenchement, sans réel écho, d’une campagne par voie de presse visant à jeter le discrédit sur le PFG et son directeur, Pascal Brèthes en prétendant notamment que le PFG n’aurait plus d’équipe. Ces tentatives démontrent une réelle intention de nuire au PFG de la part d’individus peu scrupuleux sur les méthodes employées, les masques tombent et révèlent une incapacité à dépasser le conflit et accepter que le PFG lui survive et poursuive ses actions sans eux.
De fait, depuis la rupture de l’accord nous avons recruté une nouvelle équipe et vingt-cinq joueurs licenciés ont signé à ce jour, la liste en ayant été dûment transmise aux services de la ville de Paris.
Nous tirons de cet épisode que nous déplorons des leçons qui nous serviront pour l’avenir. Une assemblée générale extraordinaire se tiendra dès que possible pour mieux définir et cadrer les rapports entre actions militantes et fonctionnement de l’équipe de foot au sein de l’association.
Nous regrettons que notre directeur, Pascal Brèthes ait été si durement critiqué et calomnié tout au long de cet épisode. Il a bien souvent été mis « entre le marteau et l’enclume » et a assumé des décisions difficiles ; dans ce contexte le conseil d’administration tient à saluer sa combativité et son courage militant et lui renouvelle toute sa confiance.

2-Le PFG, c’est un club de foot ?

Depuis plusieurs années, sur nos documents de communication, lors de conférences ou d’interviews, nous ne cessons de rappeler que selon nos statuts, nous sommes d’abord une association de lutte contre l’homophobie. Notre association s’appuie sur différents outils et programmes et l’un d’entre eux est notre équipe de football.
Dans les missions qui nous sont confiées, l’équipe n’est pas forcément impliquée car nous avons bien d’autres supports que les matchs militants pour faire passer nos messages et répondre aux besoins de nos partenaires.
Il y a une grande différence entre le PFG créé il y a dix ans par un groupe d’amis pour jouer au foot entre

homos et hétéros sans se prendre la tête et le PFG d’aujourd’hui. Cette équipe est un très beau symbole et nous le maintenons. Mais l’essentiel de notre action ne se situe plus là.
3- Vous ne trouvez pas que votre nom décrit mal qui vous êtes ?
Tout à fait. « Paris Foot Gay » prête effectivement à confusion sur notre réelle activité. Pour rire, nous disons que « Paris Foot Gay » nous pose trois problèmes :
Paris : car notre action est nationale ;
Foot : car nous sommes de plus en plus chargés de missions sur tous les sports et loisirs ;
Gay : car si notre message est que l’homophobie est une discrimination tout aussi inacceptable que les autres, notre journée d’action envers les jeunes footballeurs était dédiée en 2011 au refus du racisme et de l’homophobie et en 2012, cette dernière était associée au sexisme.
Et nous nous associons régulièrement à des actions plutôt centrées sur d’autres discriminations, (conformément à nos statuts) comme récemment le tournoi Open de Paris de foot féminin « Ell’o foot », créé par des éducateurs de la Ville de Paris que nous avons eu en formation.
Mais changer de nom, alors que nous commençons seulement à acquérir une notoriété nationale n’est pas forcément une bonne solution. Pour le moment, nous essayons de communiquer de plus en plus sous le nom de nos deux programmes :
Carton rouge à l’homophobie : lutte contre l’homophobie dans le football.
b.YOURSELF : programme éducatif national de prévention et d’action vis à vis des discriminations et incivilités dans le sport.
4 – Il parait que vous avez un budget important, d’où vient-il et que faites-vous de cet argent ?
Notre budget prévisionnel 2013 s’élève à 147 000 € si toutes les subventions demandées sont obtenues. Ce n’est pas un secret. C’est seulement le signe que nos actions sont pertinentes et répondent à des besoins.
Il faut observer qu’en matière de lutte contre les discriminations dans le sport, les acteurs sérieux et les projets concrets ne se bousculent pas ; pourtant le chantier est urgent et immense.
Une partie de ce budget provient de mécènes privés et une part majeure et croissante de subventions publiques émanant principalement de collectivités locales. Chaque euro est associé à un projet concret, défini par un budget prévisionnel ou une convention de partenariat sur lesquels nous rendons des comptes.
Pour obtenir ce résultat, nous menons une politique dynamique de recherche de subventions sur des actions nombreuses, diverses, tous publics et sur tout le territoire français. Que celles et ceux que cela chagrine se retroussent les manches à leur tour. Notre rapport annuel, que l’on peut télécharger sur notre site, témoigne de l’étendue des projets réalisés.
La Ligue de Football Professionnel a choisi de déléguer au Paris Foot Gay son action de lutte contre l’homophobie et à ce titre elle finance un (petit) salaire de directeur (1400 euros mensuels).
Sinon, les sommes obtenues nous permettent de mettre en place des programmes de formation (éducateurs et professionnels du sport et des loisirs) et des actions de sensibilisation auprès de publics cibles précis (jeunes sportifs, supporters, étudiants,…).
5- On vous reproche d’être une association « bling bling » ?
On a lu ça dans la presse récemment et cela nous a bien fait rire ! Le PFG est une association « tout terrain » et nous touchons tous les publics. Évidemment, certaines actions font plus de buzz que les autres, mais ce n’est pas pour nous une priorité. Prenons l’exemple de nos matchs militants :
Le dernier en date était une rencontre contre le FC Nivolet, petit club savoyard, dans le cadre du Printemps contre l’homophobie organisée par l’association Contact Chambéry. Le prochain sera un tournoi que nous organisons, le 7 septembre, avec dix clubs de supporters ultra à côté de tables rondes pour aborder la question de l’homophobie dans les stades. Pas vraiment bling bling, non ?

Et nos interventions pédagogiques : l’école ouverte d’un collège à Aubervilliers, les services sports et jeunesse de la ville de Montreuil, l’école de foot de Niort, le STAPS de Savoie, … Vous avez dit bling bling ?
Mais si une célébrité ou un club prestigieux relaient parfois nos messages, nous sommes aussi enchantés de la considération qu’ils portent à notre action et surtout car ce sont des « porte-voix » formidables. Le même message énoncé à de jeunes footballeurs par un de nos formateurs ou par Vikash Dhorasso ou Lilian Thuram, n’a évidemment pas la même portée…
6- Qui fait tourner l’association concrètement ?
Rien de plus banal. Le PFG a un conseil d’administration réunissant les membres actifs et correspondant aujourd’hui au bureau de l’association (Brahim Naït-Balk, président ; Julien Guibert, secrétaire ; Brigitte Baudouin, trésorière). Ses membres sont consultés régulièrement par le directeur sur tout type de questions. Pascal Brèthes est directeur salarié, il pilote les projets et actions du PFG et gère les affaires courantes. Il a le statut de porte-parole qu’il assume régulièrement auprès des partenaires et des médias.
Jacques Lizé, qui a rejoint l’équipe en 2011 intervient ponctuellement de manière rémunérée comme formateur occasionnel et graphiste (ses professions) et s’investit surtout bénévolement de manière importante dans le développement du programme éducatif b.YOURSELF.
Guillaume Poisson, bénévole depuis début 2013, formateur de profession, qui apporte son soutien dans divers domaines et interviendra sous contrat sur les formations à venir.
Enfin le PFG a accueilli un stagiaire en master de management et métiers du sport sur le premier semestre 2013.
Concernant l’équipe de foot, il faut noter que les joueurs, comme dans la plupart des associations sportives ont la qualité de « membre usager », ce qui leur donne accès aux activités sportives de l’association, mais pas au droit de vote aux assemblées générales. Un joueur peut, s’il justifie d’une activité militante régulière, demander au conseil d’administration son intégration parmi les membres actifs et de ce fait accède au droit de vote. À ce jour, aucune demande dans ce sens n’a jamais été faite par un membre de l’équipe.

7- Est-il vrai que l’association a été pendant un temps présidée par la mère du directeur ?
C’est vrai. Lorsque la Ligue de Football Professionnel a choisi de déléguer son action de lutte contre l’homophobie à notre association en créant un poste à temps plein, Pascal Brèthes, le président d’alors, est devenu directeur. Il n’y avait pas, parmi les membres actifs, de candidat à la présidence. Il a bien fallu trouver une solution temporaire pour passer le cap. Mais, même si rien ne l’interdit dans la loi et si Mme Brèthes suit depuis longtemps avec assiduité les actions du PFG, cette solution n’était que transitoire. Brahim Naït Balk, cofondateur, entraîneur du PFG et auteur de l’autobiographie « Un homo dans la cité », s’est porté candidat pour la présidence de l’association. Il a été élu en 2012 à l’unanimité pour trois ans.
8- Le PFG, seulement une structure de lobbying ?

L’essentiel de l’activité du Paris Foot Gay se situe sur le terrain, auprès du public et des acteurs du sport. Ici aussi, référez-vous à notre Rapport Annuel pour le vérifier.
Mais l’association explore toutes les pistes, rencontre tous les publics et utilise tous les leviers. Y compris celui du lobbying vis à vis des instances du foot et du sport français, mais aussi sur le plan européen et international. La France a un problème avec le mot « lobbying » et n’en voit généralement que les aspects négatifs. Rappelons que sans lobbying, les droits des femmes, la laïcité, l’abolition de la peine de mort, pour ne citer que quelques exemples, n’auraient jamais existé. Le Paris Foot Gay est donc fier de faire avancer les choses en rappelant aux parties prenantes leurs responsabilités.
Si chez bon nombre de nos voisins européens, les ministères et instances du sport, ainsi que les fédérations de football ont mis en place des programmes d’action contre l’homophobie, c’est que localement des associations se sont battues pour que soit reconnue l’ampleur de cette discrimination.

9- Quel bilan en dix ans ?
Vaste sujet pour une réponse qui se doit d’être brève. Nous communiquerons sur ce sujet tout au long de cette année de dixième anniversaire.
Notre association a pleinement réussi son premier pari : donner de la visibilité à l’homophobie, très présente dans le football. En 2003, les acteurs de ce sport se cantonnaient dans le déni. Aujourd’hui, même si les avancées restent plus timides que dans les pays du nord de l’Europe, nos interlocuteurs reconnaissent la réalité de la situation. Le meilleur exemple que nous puissions donner c’est notre Charte contre l’homophobie dans le football. Souvent, les clubs qui la signaient le faisaient par principe et s’empressaient de l’oublier… Aujourd’hui, les signataires sont demandeurs et signent systématiquement une convention de partenariat sur des actions concrètes.
Notre Charte a été reprise par le Ministère des sports qui l’a adaptée pour tous les sports et l’a fait signer à toutes le Fédérations. Et surtout, de nombreuses collectivités locales, dont de nombreuses métropoles, nous font régulièrement la demande de sa signature et d’actions concrètes.
C’est sur notre second pari que nous devons nous concentrer maintenant. Si l’homophobie semble sortir du déni, les stéréotypes sur les sportifs homosexuels restent très ancrés. Nous continuerons nos actions de communication et de visibilité, mais nous avons d’ores et déjà accentué la diffusion de nos actions éducatives, car après la prise de conscience, c’est le changement des mentalités qu’il va falloir aborder.
10- Quelle perspective à partir de cet automne ?

Notre dixième saison sera une grande année !
Le coup d’envoi en sera donné le 7 septembre prochain avec la première édition de nos « Rencontres b. YOURSELF ». L’INSEP accueillera une journée de foot et d’échange avec 10 associations de supporters ultra… Et notre équipe de foot. Deux tables rondes aborderont les discriminations dont sont victimes les uns et les autres et la question des propos homophobes dans les stades.
Le programme éducatif b. YOURSELF atteint son rythme de croisière. Des interventions de formation vont se mettre en place en Île-de-France et sont d’ores et déjà programmées des sessions dans de grandes villes de France (Brest, Chambéry, Dijon, Niort, …). Et plusieurs événements de sensibilisation du grand public et des jeunes sont en cours d’élaboration.
L’association va continuer son plaidoyer pour une meilleure prise en compte de l’homophobie comme de toutes les discriminations auprès des partenaires privés ou publics, les instances du sport et du football et les collectivités locales.
Notamment, nos relations avec la Fédération Française de Football devraient se développer, par l’entremise de la Fondation du Football, avec laquelle nous collaborons déjà depuis un an.
Concernant le fonctionnement interne de l’association, nous allons dès la rentrée réunir tous les membres, actifs ou usagers, pour que s’installe une dynamique forte et transparente sur les responsabilités, droits et devoirs des uns et des autres. Nous devons tirer des enseignements des événements passés pour aller de l’avant.